Témoignage de l'ingénieur des Ponts et Chaussées De la Brosse
sur la crue de lIsère à Grenoble en 1859
Nouveau projet de défense de Grenoble contre les inondations suite à l'établissement de la nouvelle enceinte fortifiée. Extraits du rapport de l'ingénieur des Ponts et Chaussées De la Brosse - 26-06-1882 (ADI, 7116 W 552)
( ) L'on s'accorde à regarder celle du 2 novembre 1859 comme le maximum des crues de cette rivière. L'Isère s'est élevée en 1859 à 5,45 m au-dessus de l'étiage, hauteur qui correspond à un débit par seconde de deux mille mètres cubes (2000,00 m.c.) environ. Ce volume s'est divisé en deux courants très distincts, le principal conservant la direction normale de la rivière s'est écoulé entre les quais de Grenoble tandis que le courant secondaire dont le débit a été évalué à cent quatre-vingt mètres cubes (180,00 m.c.) s'est ouvert un passage à travers les terrains qui entouraient l'ancienne ville au sud et à l'ouest entre l'enceinte fortifiée et le Drac. S'il survenait aujourd'hui une crue égale à celle de 1859, la formation d'un courant secondaire ne serait plus possible parce que la nouvelle enceinte formerait obstacle à son passage et la crue toute entière devrait s'écouler entre les quais."
"Le volume supplémentaire de cent quatre-vingt mètres cubes (180,00 m.c.) par seconde, qui passait en 1859 entre la ville et le Drac, venant s'ajouter au reste de la crue, élèverait son niveau ; cet exhaussement a été évalué dans le projet de 1859 à quarante centimètres (0,40 m)."
"Les ouvrages de défense qui ont été établis en prévision du retour d'une crue égale à celle de 1859 deviendraient donc insuffisants ; c'est pour donner à la ville toute sécurité en présence de pareil événement qu'ont été entreprises les dernières études. Trois solutions ont été successivement examinées :"
"La première consistant à créer un canal de secours entre l'ancienne ville et les nouveaux quartiers a été définitivement écartée comme incompatible avec le développement de ces derniers."
"La deuxième solution consiste à ouvrir une dérivation souterraine sous le massif montagneux de la rive droite de l'Isère, dérivation par laquelle le volume d'eau supplémentaire (180,00 m.c.) s'écoulerait en dehors des limites de la ville, entre la Tronche et Pique-Pierre ; la dépense correspondante est de deux millions de francs."
"La troisième solution consiste à exhausser le quai de la République entre l'ancien pont de pierre et le nouveau de manière à former une chaussée insubmersible entre la vieille ville et l'Isère. La dépense correspondante est évaluée dans le projet de 1878 à trois cent mille francs (300 000,00 fr.) dont quatre vingt mille francs pour les travaux proprement dit et deux cent vingt mille francs d'indemnités de dommage aux propriétaires des maisons du quai à exhausser."