Les travaux d’Irstea ont porté en 2017 sur l’analyse des connectivités des habitats rivulaires et l’invasion de ces milieux par des espèces exotiques envahissantes.

Deux types de connectivité ont été étudiés : la connectivité structurale, à l’échelle des ouvrages, et la connectivité fonctionnelle, pour des espèces données à l’échelle d’un paysage.

Dans le premier cas, la végétation, le sol et la topographie d’ouvrages sur les berges de cours d’eau ont été comparés aux résultats des berges en amont et en aval de ces mêmes ouvrages. Les types d’ouvrages ont été choisis selon un gradient de naturalité : enrochement (génie civil), techniques mixtes (génies civil et végétal) et fascine (génie végétal).

On a pu montrer que les enrochements constituent une rupture nette de la continuité écologique, pour toutes les données étudiées.

Dans un second temps, les déplacements potentiels de trois espèces (Crossope aquatique, Couleuvre à collier et Martin pêcheur) ont été analysés à l’échelle d’un tronçon de l’Arve, en Haute-Savoie. La théorie des graphes, à travers le calcul d’indices, a permis de montrer des difficultés particulières de certains secteurs pour le déplacement des espèces.

La composition en espèces exotiques envahissantes dans les communautés végétales des ouvrages sur les berges de cours d’eau, toujours choisis selon un gradient de naturalité, a aussi été étudiée. Les enrochements sont plus envahis que les ouvrages comportant du génie végétal. De plus, le milieu et le haut de berge des enrochements sont significativement plus envahis que le milieu et le haut de berge des autres techniques.

Ces travaux de recherche seront poursuivis en 2018 et 2019.

Cette action du programme « Trame bleue, espaces et continuités » a pour objectif de développer des outils d’aide au diagnostic et à la délimitation de l’espace de bon fonctionnement des cours d’eau (EBF). Elle est menée en partenariat par Geopeka et le laboratoire Environnement-Ville-Société (EVS) de l’ENS Lyon à travers une thèse CIFRE qui a démarré début 2017.

Dans le cadre de ce projet, nous sommes intéressés par les contributions de syndicats de rivière ou de bureaux d’études qui voudraient participer à des ateliers de conception ou expérimenter les outils développés dans ce projet. GeoPeka recherche donc des professionnels intéressés pour participer à ce travail, selon trois niveaux d’implication :

Pour en savoir plus et nous faire part de votre intérêt pour participer à ces ateliers et expérimentations, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse : christophe.rousson@geopeka.com

La suite de cet article présente les grandes lignes du projet, avec ses objectifs et les principaux résultats attendus.

Les objectifs du projet

Ce projet de recherche s’inscrit dans la continuité de travaux de recherche précédents qui ont permis de caractériser sur l’ensemble de la région Rhône-Alpes la mobilité latérale [Alber, 2012] et une typologie de fonctionnement des cours d’eau du bassin Rhône-Méditerranée [Wiederkher, 2012], en s’appuyant sur des données facilement disponibles comme la BD Topo et en développant des outils géomatiques appropriés.

Sur le plan scientifique, la thèse a pour objectif de compléter les indicateurs existants par d’autres indicateurs utiles à la délimitation de l’EBF, notamment des indicateurs relatifs aux continuités écologiques. Dans le même temps, elle permettra de diffuser des outils cartographiques et des données supports à l’échelle régionale afin de permettre aux gestionnaires de cours d’eau de décliner la démarche EBF à l’échelle de la masse d’eau ou de leur bassin versant.

Espace de bon fonctionnement

Le bon état écologique a pour condition le déroulement des processus naturels sans perturbation ou avec le moins de perturbations possible. Ces processus naturels remplissent des fonctions diverses et fournissent des services écosystémiques dont nous bénéficions directement (paysage, qualité de l’eau, régulation des inondations, etc.) ou indirectement (préservation de la biodiversité). C’est ce qu’on désigne par bon fonctionnement.

La délimitation de l’espace de bon fonctionnement des cours d’eau et des zones humides a été inscrite dans les orientations fondamentales (OF 6A) du SDAGE 2016-2021. Une meilleure connaissance de cet espace doit permettre de le préserver et d’améliorer la continuité écologique des milieux aquatiques. Il est important de noter que l’EBF se définit comme un espace concerté, et si sa délimitation s’appuie sur des connaissances objectives et des arguments scientifiquement validés, il sert aussi de support pour imaginer différents scénarios d’aménagement et réfléchir aux objectifs de gestion qui garantiront le meilleur futur possible à la rivière et à ses riverains. Les interactions entre les activités humaines et les milieux aquatiques qui sous-tendent la notion d’hydrosystème nécessitent en effet de trouver des compromis.

Le guide technique publié en avril 2017 par l’Agence de l’eau propose à cet effet une méthode pour délimiter l’EBF, en articulant éléments techniques et démarche de concertation. Cette méthode repose notamment sur la cartographie de plusieurs enveloppes :

• une enveloppe hydraulique (prise en compte du risque inondation)
• une enveloppe morphologique (prise en compte des processus hydro-sédimentaires et de la mobilité latérale naturelle du cours d’eau)
• d’autres éléments qui ne constituent pas une enveloppe en tant que telle mais qui permettent d’apprécier le contexte biologique, hydrogéologique et écologique pour prendre en compte les continuités latérales et verticales avec les milieux riverains et assurer un fonctionnement optimal des écosystèmes associés à la rivière.

Résultats attendus

Dans le détail, la thèse s’articule autour de 4 directions, largement interdépendantes :

1. produire sur l’emprise de la région Rhône-Alpes et à différentes échelles des données supports utiles à la délimitation de l’EBF et à la prise en compte des liens trame verte – trame bleue ; il s’agira principalement d’indicateurs qui permettront d’une part d’analyser les enjeux et les pressions subies par les cours d’eau (occupation du sol à grande échelle, caractérisation des usages à l’échelle de la parcelle cadastrale, …) et d’autre part de caractériser l’état et le potentiel des continuités écologiques (longueur et largeur de ripisylve, indicateur de connectivité paysagère, …) pour identifier les sites les plus susceptibles de bénéficier de travaux de restauration
2. diffuser et enrichir la Fluvial Toolbox, une boîte à outils géomatiques qui permet de traiter et d’analyser de manière reproductible les données cartographiques nécessaires au diagnostic et au suivi des hydrosystèmes
3. proposer un dispositif cartographique innovant pour servir de support à la concertation sur les limites et les objectifs de l’EBF et faciliter le partage de l’information entre les parties prenantes
4. contribuer à valider le guide technique EBF en intégrant à la méthode proposée par l’Agence de l’eau les éléments techniques et les outils expérimentés dans le cadre de ce projet.

Contact

Pour en savoir plus sur ce projet, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse : christophe.rousson@geopeka.com