DEGATS ET VICTIMES

L’inondation a affecté avant tout la vallée de l’Isère.

Amont Grenoble – Malgré la résistance des digues les courants venant des ruptures amont font des ravages : récoltes en meules emportées, terrains engravés, vase et limon sur 10 ou 30 cm . Eaux stagnantes pendant plusieurs jours.

Ville de Grenoble - Tout le territoire de Grenoble en dehors des enceintes est recouvert jusqu'au abords de la gare. En ville l'eau sortait de tous côtés par le sol, par les canaux et les égouts.

Rapidité de la montée des eaux, avec quelques exemples de niveaux atteints :

1,8 m au cimetière et rue Saint-François ;
1,5 m rue Servan ;
1,25 m place Vaucanson ;
1 m place N-D ;
0,75 m début rue Lesdiguières ;
4 m place Saint-Bruno

On peut dresser une carte précise des hauteurs d’eau par rue.

Les courants sont violents :

On ferme les portes pour limiter les dégâts. L’eau transporte un peu de tout : meules, meubles, matériels, animaux morts, etc. Les courants sont particulièrement puissants le long des remparts vers porte des Adieux, voitures et chevaux sont emportés. Les croix du cimetière sont arrachées sous 1,65 m à 1,8 m d'eau. Elle entre par les meurtrières des casemates situées à 2,5m du sol. Les courants sont également important dans la ville même. Le tablier de la bascule du poids public sera déplacé depuis la place du Lycée jusqu’à la place Grenette. La force des eaux empêche en certains endroits la circulation des hommes, voitures et chevaux.

Les dégâts sont importants :

Avant tout les marchandises stockées dans les caves et rez-de-chaussée mais aussi le terrassement des fortifications, les conduites des fontaines de la ville à la porte de Bonne, la chaussée du pont de la Graille détruite sur 30 m ... Une maison près des abattoirs et une autre hors la porte Très-Cloître s'effondrent.

Aval Grenoble – L’Isère a sauté sous St-Robert et s’est tracée un nouveau lit jusqu'à Voreppe. Toutes les digues sont rompues. La forte mobilisation des habitants sur les ouvrages a évité le pire. Le chemin de fer est submergé à St-Egrève.

Victimes – On dénombre peu de décès : un noyé aux Granges, près de Grenoble ; deux autres noyés à St-Nazaire. Un rapport de gendarmerie en date du 3 novembre et adressé au préfet mentionne trois autres victimes, une à l'Ile Verte et deux à St-Ismier

Chiffrage des pertes – Pour les ouvrages le long de l’Isère, l’enquête menée par les ingénieurs établit le montant des dégâts sur les digues aux environs de 400 000 frs (francs or). L’Etat assurera le financement à hauteur des 2/3 des travaux urgents.

Le bilan dressé auprès des particuliers dans chacune des 38 communes sinistrées, monte à plus de 620 000 francs. A Grenoble même, le total des pertes est évalué à 116 000 francs environ, pour 245 victimes déclarées, en majorité des commerçants. Les aides de l’Etat en retour seront dérisoires.

NB - Importants dégâts sur la Romanche.

Sources :

PILOT (J.-J.-A.), Grenoble inondé, Grenoble, Maisonville et Jourdan, 1859, p. 5-19.

ADI, 91 M 3, 6 S 253, 7116 W 11, 7116 W 48, 7116 W 552.

BMG, O 14 31114.

Retour à la page Gestion de la Crise