Descriptif du projet

Le projet Gestion forestière, Naturalité et Biodiversité a pour but d'étudier le lien entre biodiversité, exploitation forestière et naturalité en comparant des parcelles exploitées à des parcelles non-exploitées (Réserves Biologiques Intégrales ou parties intégrales de Réserves Naturelles).

En partenariat avec l'ONF, RNF et l'INRA, nous travaillons depuis 2008 sur des réserves intégrales soustraites à l'exploitation depuis au moins 20 ans. L'étude repose sur l'échantillonnage de 7 groupes taxonomiques : plantes vasculaires, mousses, champignons, chauve-souris, oiseaux, coléoptères carabiques et saproxyliques.

Le projet comprend actuellement 15 massifs pour 213 placettes d'étude.

Le projet est labellisé "Biodiversité 2010".

 

En détails…

En nous restreignant l'impact de l'exploitation du bois sur la biodiversité forestière métropolitaine, nous défendons dans ce projet une approche statistique et multi-taxonomique de l'étude des pressions pesant sur la biodiversité.

Nous nous basons sur une comparaison entre peuplements exploités et peuplements en évolution naturelle. Nous cherchons ainsi à savoir ce qui explique le mieux les variations de biodiversité forestière entre des zones exploitées et non exploitées. Parmi les facteurs explicatifs probables, on peut distinguer :

  • la naturalité « anthropique » : la perturbation induite par l’exploitation du bois qui modifie la biodiversité de manière plus ou moins forte et plus ou moins longue. Ce facteur vise à quantifier la capacité du système à revenir à son état initial (résilience) ;
  • la naturalité « biologique et écologique » : la présence de micro-habitats typiques des stades matures de forêts non exploitées tels que le bois mort (qualité et quantité), les cavités… sont un facteur déterminant pour la biodiversité de nombreux cortèges d’espèces ;
  • la structure et la composition du peuplement arboré : l’influence de la différence de structure et de composition du peuplement sur la biodiversité. Par exemple, plusieurs études en Scandinavie ont montré qu’un facteur déterminant des différences de biodiversité entre peuplements exploités et non exploités était la présence de Peuplier tremble dans les peuplements naturels, alors que cette espèce est exclue par l’exploitation.

Ainsi, notre projet émarge à la fois aux théories écologiques liées aux notions de perturbation (durée entre deux perturbations ; intensité de la perturbation, la perturbation étant la coupe forestière ou une perturbation naturelle) et d'habitat (relation de la biodiversité aux caractéristiques dendrométriques), en interaction avec les traits d'histoire de vie des espèces.

Sur le plan statistique, nous cherchons à développer et utiliser des outils bayésiens permettant de jauger la qualité des modèles statistiques et de les comparer.

 

Sites d'études et moyens employés

Depuis 2008, nous avons validé les méthodes de travail et d’organisation, en nous appuyant sur une étude pilote sur un nombre réduit de sites d’étude. Notre travail a commencé par une réflexion a priori, basée notamment sur l'étude de la bibliographie, pour préciser les réponses attendues des espèces et groupes écologiques de chaque groupe taxonomique à l’exploitation forestière ainsi qu'aux facteurs mentionnés ci-dessus.

Dans un second temps, nous mesurons la présence et l'abondance des espèces de ces groupes sur les placettes élémentaires. Ces placettes sont réparties dans chaque massif entre zone(s) non exploitée(s) depuis au moins 20 ans et zone(s) à objectif de production de bois.Un contrôle des conditions de sol et de topographie aussi rigoureux que possible est effectué pour éviter les dérives stationnelles entre ces deux zones. Sur chaque placette, un relevé écologique complet est réalisésur une surface variable de 0.1 à 0.5ha sur la base du protocole de suivi des espaces naturels protégés développé par l’ENGREF de Nancy à la demande du Ministère en charge de l’environnement.

 Cette description est complétée par :

  • une analyse par photos aériennes du paysage environnant, en remontant si possible aux photos les plus anciennes ;
  • une recherche d'information historique sur les exploitations passées (sommiers des forêts) et l'ancienneté de l'état boisé depuis 1830 environ (cartes d'Etat Major).

Pour chaque groupe taxonomique, les plans d'échantillonnage sont réfléchis au cas par cas en fonction notamment des tailles des domaines vitaux.

Dans un troisième temps, les données seront analysées, en testant les hypothèses mentionnées ci-dessus et en intégrant les avancées de la partie statistique du projet. Dans ces analyses, la structure spatio-temporelle du plan d'échantillonnage sera systématiquement prise en compte, en utilisant des modèles à structure hiérarchique.