Principaux résultats

Structure forestière

Microhabitats

Les premiers travaux ont porté sur la définition d'un clé de détermination des microhabitats des arbres adaptée au contexte français. Ces développements se sont inspirés de travaux allemands principalement et ont débouché sur la publication d'un article issu du stage d'A. Vuidot (Vuidot et al. 2011) dont voici le résumé :

De plus fortes densités de microhabitats des arbres dans les forêts non exploitées peuvent expliquer les différences de biodiversité avec les forêts exploitées. Pour mieux comprendre les déterminants de cet indicateur potentiel de biodiversité, nous avons étudié l'influence des caractéristiques des arbres sur un ensemble de microhabitats des arbres (par ex. cavités, fentes et caractéristiques de l'écorce) sur 75 placettes situées dans des forêts exploitées et non exploitées en France.

Relation entre le diamètre des arbres et le nombre de microhabitat

Relation entre le diamètre des arbres et le nombre de microhabitat

 

Nous avons fait l'hypothèse que le nombre de types différents de microhabitats par arbre et leur occurrence d'un type donné sur un arbre seraient supérieures en forêts non-exploitées, et que cette différence pourrait être reliée à des caractéristiques individuelles des arbres : diamètre, vitalité et espèce. Nous avons montré que les forêts non exploitées contenaient plus d'arbres susceptibles de porter des microhabitats (i.e. gros arbres, chandelles) à l'échelle du peuplement. Ceprendant, au niveau de chaque arbre, l'exploitation forestière n'influence pas significativement les microhabitats; seules les caractéristiques des arbres ont une influence : les gros arbres et les chandelles portent plus de microhabitats. Le nombre et l'occurrence des microhabitats varient aussi avec l'espèce de l'arbre : les chênes et les hêtres portent généralement plus de microhabitats, mais l'occurrence de certains microhabitats est plus forte sur les sapins et les épicéas.

 

Nous concluons que, malgré le fait que les microhabitats ne sont pas distribués de manière homogène entre forêts exploitées et non exploitées, deux arbres avec des caractéristiques similaires dans des sites comparables ont le même nombre et la même probabilité d'occurrence de microhabitats, quel que soit le type d'exploitation. pour protéger la biodiveristé, les forestiers pourraient reproduire des caractéristiques de forêts non-exploitées en forêt exploité par la conservation de certains types d'arbres (par ex. : arbres vétérans, chandelles). Les microhabitats des arbres pourraient aussi plus souvent constituer une cible en termes de gestion forestière durable.

 

Pour en savoir plus, l'article complet (en anglais) est disponible ici.

 

Variables dendrométriques : une différence essentiellement liée au bois mort

 

Le bois mort est la composante clé pour distinguer les forêts exploitées et non exploitées. En effet, que ce soit en termes de volume de bois mort total, au sol ou debout, de densité de gros bois morts au sol ou encore de densité d’arbres morts porteurs de microhabitats, toutes ces variables sont significativement plus élevées en forêt non exploitée qu'en forêt exploitée.

 

Le volume total debois mort atteint 20m3/ha en exploité contre presque 60m3/ha en non exploité. Ces chiffres sont bien entendu très variables selon le massif considéré. De manière surprenante, les autres variables de structure  analysées lors du stage (surface terrière, densité de bois vivants…) ne présentent pas de différence notoire entre zones exploitées et non exploitées.

 

 

 

 

 

De plus, suite aux recherches sur l’historique des interventions forestières, nous avons constaté que le volume de bois mort total augmentait significativement avec l’ancienneté de la dernière exploitation.

    

Pour en savoir plus, télécharger le rapport de C. Pernot.

 

Biodiversité

Carabes

 

Lors de son stage, M. Toïgo a analysé l'effet respectif de la mise en réserve forestière et des variables locales sur les communautés de carabes forestiers. Son analyse portait sur seulement 6 massifs du projet et analysait la réponse 

des insectes au niveau piège. Ce travail a donné lieu à une publication dont voici le résumé (Toïgo et al. 2013) : 

Les forêts non exploitées sont mise en place afin de préserver ou de restorer une biodiversité forestière typique, tels les espèces forestières spécialistes ou présentant des capacités de dispersion réduites.  Pourtant certains groupes d'espèces pourraient être plus dépendants de caractéristiques de l'habitat que de l'exploitation forestière en tant que telle.

Nous avons donc étudié l'influence respective de l'abandon d'exploitation et des caractéristiques de l'habitat sur les coléoptères carabiques dans 6 forêts françaises comprenant à la fois des zones exploitées et non exploitées (85 placettes). Nous avons fait l'hypothèse d'une réponse contrastée des carabes en fonction de leurs traits écologiques et d'histoire de vie (affinités d'habitat, capacités de dispersion, diète et afinités à l'humidité).

 

 

L'abandon d'exploitation favorise seulement deux groupes écologiques : les spécialistes forestières et les espèces de milieux ouverts. Pour les autres groupes, l'abandon d'exploitation n'est pas le principal facteur explicatif. La surface terrière et l'activité de l'humus – resp. des proxies pour la fermeture de la canopée et pour la disponibilité en nourriture – augmentent la richesse spécifique totale et les richesses de 4 groupes écologiques (forestières, espèces aptères, espèces indifférentes à l'humidité et les carnivores). Des variables à petite échelle, comme la structure de la végétation au sol, influencent principalement les généralistes, les espèces ailées, les hygrophiles et les xérophiles.

 

 

 

 
 
 
 

L'effet de l'abandon d'exploitation forestière pourrait être limité à la fois parce que les réserves que nous avons étudiées sont relativement récentes (abandon d'exploitation il y a 15 à 45 ans), ou parce que l'exploitation dans les zones exploitées est relativement extensive (pas de coupe rase ou de récolte par arbres entiers). Nous mettons en évidence l'importance de la prise en compte de la structure forestière dans l'application de mesures en faveur de la biodiversité dans la gestion forestière.

 

 

Pour en savoir plus, l'article complet (en anglais) est disponible ici.